Antiquité
Le tabac n'existait pas dans l'Antiquité en
Europe
Dans
l'Antiquité les Grecs et les Romains
fumaient essentiellement la pipe, parfois des
feuilles roulées, mais ne fumaient pas le
tabac car celui-ci n'existait pas en Europe. Ils
fumaient des feuilles de poirier etd'eucalyptus ou
d'autres plantes. Les Romains fumaient, mais ne
fumaient pas de tabac car celui-ci n'existait pas
en Europe.
Le
mystère du tabac dans la momie de
Ramsès II
En 1976,
l'Égypte avait confié à la
France la momie de Ramsès II pour la
traiter. Il a été découvert,
parmi d'autres plantes, au sein des plantes ayant
servi à la conservation du corps de la momie
des restes de feuille de tabac. Ce tabac a
été identifié avec certitude
par le professeur Metcafé, grand
spécialiste en anatomie
végétale, comme étant du
tabac. Ceci constitue une énigme. Toutes les
hypothèses ont été
soulevées ; même celle que la momie de
Ramsès II soit un faux, mais en tout
état de cause sa datation par des
méthodes scientifiques est beaucoup plus
ancienne que celle de l'arrivée de
Christophe Colomb en Amérique.
L'hypothèse que le tabac poussait en Europe
et en Asie 2000 ans avant notre ère et qu'il
a disparu depuis est rejeté par les
spécialistes. La principale hypothèse
est que les Égyptiens traversaient
l'océan Atlantique bien avant Christophe
Colomb. Ils auraient traversé l'océan
Atlantique sur des radeau de papyrus comme Thor
Hayerdal a tenté de le démontrer en
traversant plusieurs millénaires plus tard
l'Atlantique sur un tel radeau, en 57 jours
seulement.
Le
tabagisme remonte à la nuit des temps en
Amérique
En
Amérique l'habitude de fumer du tabac
remonte à plus de 3000 ans, aussi bien en
Amérique du Sud que dans la vallée du
Mississippi. Des pipes datant de 1000 ans avant
notre ère ont été
retrouvées en Amérique du Sud. Les
indigènes appelaient cette plante "petum".
Le nom de tabac viendrait soit de l'île de
Tobago dans l'archipel des petites Antilles
où le tabac était cultivé,
soit du nom que les indigènes donnaient
à leur pipes. Ce tabac était
fumé de façon quotidienne, mais
également pour les grandes fêtes en
particulier fêtes religieuses, par les Incas
et les Aztèques. Le tabac avait pour eux la
vertu de calmer la faim, de lutter contre la
fatigue. Il était utilisé comme
plante médicinale, soit pur soit
associé à des feuilles decoca ou
d'autres plantes. Les Incas, comme beaucoup
d'habitants de l'Amérique du Sud fumaient du
tabac
Christophe
Colomb découvre l'Amérique et le
tabac
Christophe
Colomb et ses compagnons partant à la
recherche des Indes en passant par l'ouest pour le
compte de Ferdinand d'Aragon et Isabelle de
Castille, abordent le 28 Octobre 1492 les
côtes américaines au niveau de
l'île de Cuba. Il donna aux habitants le nom
d'indiens, car il croyait être sur la
côte Est des Indes. Il découvre le
tabac que les indiens fument par la bouche ou par
le nez, essentiellement sous forme d'un tube de
feuilles roulées. Lors de son second voyage
qui le conduit sur l'Amerigo Vespuccii au large du
Venezuela, il découvre les indiens chiquant
en mélangeant du tabac à de la chaux
et le mâchonnant longuement. Des feuilles et
des graines sont rapportées en Europe vers
1920.
Christophe
Colomb en découvrant l'Amérique
ouvrait la porte de l'Europe à un grand
nombre de plantes et de comportements inconnus en
Europe, dont le tabac et le tabagisme.
Les
premiers plants de tabac ont été
rapportés par Fernando Hernandez deToledo,
médecin du roi Philippe II qui avait
été envoyé pour trouver des
plantes nouvelles. Vers le milieu du XVI ème
siècle le tabac était planté
au Portugal. Le Père André
Thévenet, de l'ordre religieux des
Cordeliers introduisit en 1556 le tabac en France
et en planta dans sa ville d'Angoulême. Jean
Nicot de Villemain, Ambassadeur de France à
Lisbonne envoya 4 ans plus tard, en 1560, des
feuilles de tabac râpées à
Catherine de Médicis en le décrivant
comme une plante médicinale capable de
calmer ses migraines. Au cours du XVI
siècle, la culture du tabac se répand
partout en Europe, principalement dans les zones
portuaires. Les marins y fument par plaisir (Jean
Bart, célèbre navigateur deviendra
ainsi l'emblème de nombreux bar-tabacs). Le
tabac garde cependant, du fait de son action
supposée sur les migraines de la reine, une
réputation de plante médicinale
guérissant de nombreux maux. De folles
utilisations du tabac comme par exemple son
utilisation en lavement provoqua de nombreux
accidents. Progressivement le tabac devint une
drogue diabolisée.
L'usage de
la pipe arriva en Europe par l'Angleterre
après la conquête du Mississippi en
1586. La "prise" se répandit en France sous
Louis XIII. C'est le cardinal Richelieu qui
institua le premier impôt sur le tabac.
Colbert fit du tabac un monopole d'État.
Ainsi rapidement les gouvernants ont bien vu les
rentrées d'argent qu'ils pouvaient
espérer des taxes sur le tabac. Une
opposition, bien plus virulente que les oppositions
actuelles entre partisans et ennemis du tabac, se
déclencha durant toute la fin du XVI et
leXVII siècle.
Il y a
trois siècles, les opinions sur le tabac
étaient déjà tranchées.
De nombreux écris en témoignent. En
voici quelques exemples: Les effets du tabac sont
très bénéfiques selon
l'Histoire Générale des Drogues de
Pomet.
La vertu
du tabac c'est d'être vomitif, purgatif,
vulnéraire, céphalique. Il convient
à l'apoplexie, paralysie et aux catarrhes.
Il décharge le cerveau d'une lymphe dont la
très grande quantité ou mauvaise
qualité incommode cette partie. L'usage, en
fumé ou mâché convient dans les
maux de dents, la migraine, les fluxions de
tête, dans la goutte, les rhumatismes et
autres causées par un dépôt
d'humeurs glaireuses ; les feuilles sont
employées pour plusieurs compositions
galéniques; appliquées sur les
ulcères et sur les plaies, les nettoie et
consolide assez promptement; l'on pile ces feuilles
et on les fait infuser dans du vin, ou bouillir
dans de l'huile d'olive, elles sont
vulnéraires, détersives et
résolutives.
La
décoction est quelquefois employée
dans les lavements pour l'apoplexie,la
léthargie et lorsqu'il s'agit d'expulser les
excréments crasses etgrossiers.
Le sirop
du tabac est employé dans l'asthme et dans
les toux opiniâtres.L'on en tire encore par
le moyen de la chimie, un esprit, une huile et un
sel.
-
L'esprit est un puissant vomitif : appliqué
extérieurement pour les dartres, la galle et
autres maladies de la peau, en en frottant les
parties affligées.
-
Son huile, qui est fétide, est
employée aussi pour les dartres, galles et
autres, incorporée avec quelques
axonges.
-
Son sel, qui est alcali, est dans les liqueurs
convenable sudorifique et pousse quelquefois par
les urines. Le pape Urbain VIII en 1642 publie une
Bulle contre le tabac :
Interdisons
et défendons à tous en
général et à chacun en
particulier, aux personnes de tout sexe, aux
séculiers, aux ecclésiastiques,
à tous les ordres religieux, à tous
ceux faisant partie d'une institution religieuse
quelconque, de prendre dans la suite sous les
portiques et dans l'intérieur des
églises du tabac, soit en le mâchant,
en le fumant dans des pipes, ou en le prenant en
poudre par le nez ; enfin, de n'en user de quelque
manière que ce soit. Si quelqu'un
contrevient à ces dispositions, qu'il soit
excommunié. Kerckring décrit dans son
précis d'anatomie l'autopsie de fumeurs : on
est loin des vertus de la plante médicinale.
La langue des cadavres est noire et dégage
une odeur de poison, la trachée est
bouchée par la suie, comme une poêle,
les poumons sont secs et presque friables. Le corps
donne l'impression, dans son ensemble, que l'on
avait allumé du feu dans les organes.
Le Roi
Jacques premier d'Angleterre fut l'un des premiers
virulents adversaires du tabac. Il bannit le tabac
de la Cour d'Angleterre. Cette habitude
dégouttante à la vue, repoussante
pour l'odorat, dangereuse pour le cerveau,
malfaisante pour la poitrine qui répand
autour du fumeur des exhalaisons aussi infectes que
si elles sortaient des antres infernaux.Le
Sganarelle de Molière a un jugement
opposé : C'est le plaisir des honnêtes
gens ,et qui vit sans tabac est indigne de vivre
.En 1821, le Dictionnaire des Sciences
Médicales demandait de limiter fortement
l'usage du tabac:
Le tabac,
considérée sous le rapport de son
utilité en médecine et du nombre des
végétaux dont les qualités,
dangereuses à cause de leur trop grande
activité et de leur action en quelques sorte
corrosive sur les tissus, doit rendre l'emploi fort
rare, et dont l'administration doit être
surveillée avec le plus grand soin. Dr
Pécholier dans le Dictionnaire des Sciences
Médicales de 1885, il y a environ 100 ans
défendait encore le tabac comme plante
médicinale:..lorsqu'on trouve dans une
substance des effets aussi énergiques sur le
corps vivant que ceux du tabac et de la nicotine,
nous estimons qu'on doit les croire capables de
produire des modifications thérapeutiques de
premier ordre.
Le
début de l'industrialisation
Louis
Nicolas Vauquelin, professeur de chimie de
l'École de Médecine de Paris isolat
en 1909, un principe actif azoté des
feuilles de tabac. La nicotine était
complètement identifiée quelques
années plus tard. Ce n'est que vers 1843,
avec le début de l'industrialisation, qu'a
été inventée et
fabriquée la première cigarette.
Cette nouvelle forme de tabagisme va marquer le
début de l'expansion réelle du tabac.
Le tabagisme restait une habitude marginale. En
1875 selon une enquête parlementaire
française, la consommation de tabac
était de 840 grammes par an. En 1877, la
régie Française des tabacs lance les
Hongroises, qui deviendront les Gauloises un peu
plus tard, le plus grand succès du tabac
français.
Le
tournant de la deuxième guerre
mondiale
En 1944,
l'arrivée des soldats américains
venus libérer l'Europe, mâchant leur
chewing gum et fumant leurs cigarettes blondes,
s'est accompagnée d'une invasion rapide de
l'Europe par les tabacs blonds et les grandes
compagnies cigarettières américaines.
La consommation de tabac devient planétaire.
La consommation de tabac à cette
époque ne représentait cependant que
moins de 5% de la consommation actuelle.
L'arrivée des cigarettes blondes a
accompagné l'arrivée des GI
américains.
Les 50
dernières années
Ce n'est
que depuis la dernière guerre mondiale que
le tabac s'est répandu à des classes
importantes de la société et aux
femmes. La cigarette filtre qui avait
été inventée en 1930 n'a
réellement été
commercialisée qu'en 1950, quand sont
apparues les grandes études
épidémiologiques prouvant
indiscutablement la toxicité du tabac. Ces
études, de plus en plus nombreuses,
apportent encore tous les mois de nouvelles
données sur les risques réels
liés au tabac et à ses
différents modes de consommation.
Durant la
même période, si les industries du
tabac faisaient l'effort de réduire le taux
de goudron des cigarettes de moitié, ils
devenaient dans le même temps commercialement
de plus en plus agressifs. L'étude princeps
de Sir Richard Doll sur les médecins anglais
débutée en 1948. Richard Doll,
médecin anglais, a inventé
l'épidémiologie moderne. Le tabac a
été l'objet d'une des
premières grandes études
épidémiologiques.
Il a
sélectionné 34 000 médecins
généralistes anglais de sexe masculin
comme témoins de la population
générale anglaise. Tous les ans il
interrogeait les médecins sur leurs
habitudes tabagiques et sur leurs maladies. En cas
de décès il obtenait des informations
sur les causes du décès. Il est
rapidement apparu qu'en fonction du tabagisme
certains médecins avait 5, 10 ou 50 fois
plus de risques d'être atteint de certaines
maladies que les non fumeurs. L'étude s'est
poursuivie durant 40 ans. Les données ont
cependant progressivement perdu de la valeur car la
plupart des médecins anglais voyant les
risques qu'ils couraient se sont rapidement
arrêtés de fumer. Alors que 45% des
médecins anglais fumaient au début de
l'étude moins de 10% fumaient 20 ans plus
tard. Cette étude,la plus importante qui ait
jamais été faite et de nombreuses
autres sur les facteurs de risque de maladie ont
conduit le professeur Richard Doll à une
renommée internationale. Il a
été anobli par le Reine d'Angleterre
Élisabeth II, devenant Sir Richard Doll.Ses
travaux sont publiés en particulier dans des
revues médicales internationales. Un certain
nombre des données présentés
ici sont tirés du British Medical Journal
(BMJ 1964, 1399-1410).
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